Ethnographie du quotidien et anthropologie du changement social

Moine taoïste de l’obédience Quanzhen avec ses fiches oraculaires en bambou (à gauche) dans un temple de la ville de Hanzhong (Shaanxi, Chine), 2000.

Photo Adeline Herrou

Un géomancien yin yang, un traducteur d’écriture inspirée, un maître taoïste virtuose d’arts martiaux, un chamane bimo de la religion yi, un abbé honorifique bouddhiste, un astrologue calculant le destin par les Huit caractères de naissance, mais aussi un médium « à mi-temps », un joueur d’orgue à bouche expert en rituels funéraires, l’assistant d’un exorciste recourant aux talismans et aux incantations, un officiant confucéen pratiquant la divination …

Comment penser la coexistence parfois déroutante dans la société chinoise de ces diverses figures de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler les « religions chinoises » – le taoïsme, le bouddhisme, le confucianisme et les religions locales ? Quelles sont les logiques à l’œuvre dans la distribution des rôles au sein et aux abords de la religion dans une société chinoise en pleine mutation ?

Pour s’intéresser à la vie quotidienne des spécialistes religieux chinois aujourd’hui, la focale est portée de façon privilégiée sur les vieux maîtres de chacune de ces traditions, auxquels on doit d’avoir perpétué les chaînes de transmission, pour un temps interrompues, par-delà la longue période de prohibition de toutes les religions en Chine sous la Révolution culturelle (1966-1976). Ces personnages qui ne sont aujourd’hui plus qu’une poignée ont joué un rôle essentiel en œuvrant pour la recomposition du phénomène religieux depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Contraints de retourner à la vie laïque pendant la période maoïste, ils sont parvenus —dans certains cas mais pas toujours— à retourner à la vie religieuse et ont guidé la reconstruction des temples et le renouveau des pratiques. D’une autre manière, leurs disciples sont aussi à même de raconter ce qu’ils ont perçu et appris de ces vieux maîtres et de faire le lien avec les nouvelles générations qui ne les ont pas ou peu fréquentés, alors que la société chinoise connaît d’importantes transformations en contexte de modernité.

Les photographies et les extraits de film présentés ici proviennent des différents terrains de recherche des membres du programme de recherche « Vieux maîtres et nouvelles générations de spécialistes religieux aujourd’hui en Chine : ethnographie du quotidien et anthropologie du changement social » (ANR Shifu). Ces images contribuent à saisir la diversité des spécialistes religieux considérés. En ouvrant sur des scènes rituelles et des moments de la vie quotidienne, elles complètent la description ethnographique.

Le programme ANR Shifu est coordonné par Adeline Herrou du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC).

L’exposition a été présentée à la MAE du 30 mars au 4 mai 2016 à la suite du colloque international de l’ANR SHIFU des 24 et 25 mars 2016. Puis au bâtiment STAPS de l’université Paris Nanterre du 17 au 20 mai 2017 durant le 11ème Colloque international des études taoïstes.
La reprodution et la copie des photographies sont interdites.

Contacts : Adeline Herrou (Lesc) et Nicola Schneider

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