8 – La crosse azérie
© M.Thevenin – Mission Yeylak 2015

L’attitude corporelle des bergers de cette région était assez spécifique : crosse coincée sous les aisselles et jambes croisées, ou bien mains posées sur celle-ci sur lesquelles on fait reposer sa tête. La posture consistant à maintenir le bâton éloigné du corps au bout du bras tendu est celle qui a été demandée aux bergers pour la photo, cela afin de présenter l’objet.

Quel qu’elles soient, ces attitudes révèlent la longueur de l’outil par rapport à ce qui a pu être observé par ailleurs. En Turquie, les bâtons de bergers sont à hauteur de hanche ce qui développe une technique corporelle plus associée au maniement de la canne. En Arménie, ceux observés chez les Yézidis et les bergers arméniens sont de simples branches de bois non travaillées, parfois prolongé par des lanières faisant office de fouet. Au Kurdistan Irak, les bâtons en forme de crosse, de même hauteur qu’en Azerbaïdjan sont d’un seul tenant, sculpté dans une branche de chêne dont on utilise la fourche naturelle.

D’une hauteur de 140 cm en moyenne, la crosse des bergers de Gedebey et Shamkir, appelé Körğa ou Garmağ, est composée de quatre éléments : un long bâton droit d’abord, puis une pièce en bois légèrement courbet d’une vingtaine de centimètres de long qui fait office de bec, une pièce en bois carrée coincée entre le bec et le long bâton à l’une de ses extrémités,  et enfin une bande en métal large de 4 cm qui ceinture les trois parties en bois pour faire la jonction et créer la forme spécifique en crochet de cet outil pastoral.

Le choix de cette longueur reste à questionner : niveau de promiscuité entre l’animal et le berger; besoins spécifiques liés aux pratiques d’élevage (élevage familial, élevage productif d’entrepreneurs), à la géographie des montagnes; domaine culturel, objet ostentatoire et valorisant, symbole d’un corps de métier, etc ? Une comparaison sur l’ensemble du territoire d’Azerbaïdjan et avec la Géorgie serait à faire.

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