5 – Gedebey (Getabek en arménien)
© M.Thevenin – Mission Yeylak 2015

À la fin du XIXe siècle, la région de Gedebey vit sous la colonisation de l’Empire russe. L’heure est à l’industrialisation. Les entreprises étrangères et les entrepreneurs affluent dans le Caucase. L’achèvement en 1884 de la ligne du chemin de fer transcaucasien Bakou-Batoum traversant de part en part le bassin de la Kura, relie la région de Gandja avec les marchés russe et européen, et la rapproche d’Istanbul.

À Gedebey, les frères Siemens modernisent des mines de cuivre qui étaient gérées depuis 1849 par des grecs. L’acquisition de la mine en 1865 par les entrepreneurs allemands et sa nouvelle exploitation allait nécessiter une main-d’œuvre permanente. Les deux entrepreneurs allemands vont faire construire des maisons en pierre pour leurs premiers ouvriers et leurs épouses, entrainant à leur suite envies et convoitises de ceux qui logeaient encore dans des habitations « troglodytes » ou semi-enterrées et qui ne tardèrent pas à préférer ces nouvelles constructions. La population locale était alors des familles arméniennes revenues, en 1861, occuper le site (abandonné en 1770 en raison des fortes taxations imposées par les Khans qui dominaient la région à l’époque), mais aussi des fermiers turcs sédentarisés. Le cuivre fut le principal produit de l’usine et les enregistrements pour 1867-1914 montrent que la mine en avait extrait 58 000 tonnes. A cette époque, Gedebey représentait 20% de la production du minerai dans tout l’Empire russe.

Cependant, l’urbanisation de la ville eut une autre conséquence. La vallée était constamment enveloppée dans une fumée pestilentielle rejetée par la mine de cuivre qui infligeait des dégâts sur les champs avoisinants. L’environnement de la pittoresque ville manufacturière était pollué, et les villageois qui ne pouvaient pas travailler à la mine demandèrent aux autorités locales d’être relogés.

Impropre à la culture, le site devint impropre pour la stabulation des troupeaux venant de la plaine lors de leur transhumance estivale, également en raison de la pression sur le foncier s’accentuant avec le processus de sédentarisation.

La nationalisation des Soviétiques en 1920 mettra un terme à l’ère des frères Siemens, mais la mine continuera de fonctionner jusqu’à nos jours.

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