Le territoire des villages regroupant les membres de la tribu Mangur occupe un espace transfrontalier à cheval sur l’Iran et l’Irak. La plus grande partie est en Iran, et l’autre dans la région de Peshdar le long des trois rivières descendant des monts Gelala et Kotral du côté irakien. Dans ces villages, des familles d’éleveurs pratiquent un semi-nomadisme pendulaire local avec un déplacement saisonnier à 3 temps.
Du village de piémont où bêtes et hommes résident durant l’hiver, les bergers et le troupeau descendent début mars en deux jours à pied sur des pâturages de printemps loués dans la plaine de Bn Gird. Ils y resteront jusqu’à la fin mai. Une partie de la famille les rejoignent alors et s’installe dans deux baraquements en parpaings avec des toits en taule soutenus par une ou deux poutres construit spécialement pour eux par les villageois. Le campement est aussi composé d’une tente noire traditionnelle qui sert d’abri pour les agneaux de l’année, d’une citerne d’eau et d’un parc à mouton. Cela fait au moins trois générations que cette famille vient ici chaque printemps.
Avant juin, le troupeau part pour les alpages d’été qu’il rejoint par la route de Kurtak en deux nuits et 3 jours. Ces alpages se situent derrière les monts Gelala et Kotral, au sud du Mont Qandil au-delà de la frontière irakienne, en Iran. La famille monte en voiture. La dernière portion s’effectue à dos de cheval et de mulet.
Trois mois et demi après, on amorce la descente. Début septembre, le troupeau emprunte le même chemin que pour la montée, mais effectue la distance en plus de temps. On profite des dernières pâtures avant de rejoindre les collines entourant le village d’origine. Femmes et enfants retrouvent alors leur maison d’hiver, bientôt suivi des hommes tandis que seuls des bergers salariés s’occupent du gardiennage sur les collines. Au mois de novembre, en fonction de condition climatique, les bêtes regagnent la bergerie pour y demeurer jusqu’à début mars.