Vue du bassin encaissé de la Salween près de la Salween près de la frontière avec le Myanmar. Les réseaux hydroliques de quatre grands fleuves asiatiques (le Yangtzé, le Mékong, Le fleuve rouge et la Salween) arrosent le Yunnan.

Le Yunnan est la province de la République populaire de Chine qui compte le plus grand nombre de nationalités (sur 56, 24 sont représentées dans cette exposition). Mais le découpage de la réalité en « nationalités » opéré par les communistes chinois dans les années 1950 sur la base de critères staliniens masque une bien plus grande diversité culturelle ; certaines « nationalités » du Yunnan englobent arbitrairement des dizaines de groupes dotés d’une identité propre. Ce piémont oriental de la chaîne himalayenne a joué un rôle crucial dans le peuplement de l’Asie du Sud-Est continentale. C’est par les corridors orientés nord-sud que forment le cours des grands fleuves la traversant que transitèrent la plupart des populations occupant aujourd’hui la péninsule Indochinoise. Des membres de ces groupes s’implantèrent dans de petites vallées dont le cloisonnement favorisa la prolifération d’idiosyncrasies culturelles au sein de chaque famille ethnolinguistique. Les minorités du Yunnan se répartissent entre quatre de ces familles : les Austro-Asiatiques, les Taï Kadaï, les Miao-Yao et les Tibéto-Birmans, soit des centaines d’entités distinctes. Les costumes des minorités du sud-ouest de la Chine expriment cette formidable diversité ethnique. Le constat s’applique particulièrement aux tenues des femmes. Souvent pensées plus fragiles spirituellement que les hommes, mais aussi plus essentielles que ces derniers pour la perpétuation de la société, elles portent des vêtements ornementés de symboles qui ajoutent aux qualités esthétiques une fonction protectrice ou propitiatoire. L’expression imagée des computs astrologiques, de l’ordre socio-cosmique, de rituels qui visent à le perpétuer, ou bien d’épisodes clés de la mythologie ajoutent à la richesse de ces tenues féminines sur le plan sémantique. Il en va de même pour le désir de marquer son appartenance ethnique, locale ou lignagère, ceci au moyen de variations qui jouent sur de nombreux registres (coupe, nature, forme et mode d’agencement des symboles représentés, gamme des couleurs…). L’étude des costumes offre non seulement un excellent aperçu des systèmes sémiotiques autochtones, mais aussi d’utiles éclairages sur la cosmologie, les conceptions religieuses et les structures spatiales propres aux populations considérées. Les styles.

Bernard Formoso

 

 

© Bernard Formoso. La reproduction des photographies est interdite.
Les textes et légendes sont de Bernard Formoso et de Christiane Grin.

L’exposition a été réalisée d’après un concept d’ André Pelle, et présentée à la MAE en automne 2011.
Les tirages photographiques ont été réalisés dans le service photographique de la MAE par Martine Esline et Serge Oboukoff (USR 3225)

Adaptation pour la médiathèque de la MSH Mondes : service d'ingénierie documentaire de la MSH Mondes, 2020

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